martes, 24 de marzo de 2020

Un poema de Henry Bauchau

Henry Bauchau 

LAS HOJAS

Lo había olvidado
pronto
miles de hojas
van a nacer
miles, millones de veces tu imagen
en el cielo saturado
de la ciudad.



LES FEUILLES

Je l'avais oublié
bientôt
des milliers de feuilles
vont naître
des milliers, de millions de fois ton image
dans le ciel saturé
de la ville.

- . - . - 

HENRY BAUCHAU. Heureux les déliants. Éditions Labor. Bruxelles, 1995. Page 76. 

domingo, 28 de enero de 2018

Un poema de Yvon Givert

Yvon Givert

después de haber dibujado en el suelo 
un gran círculo 

algunos vieron un sol una luna 
otros la tierra 
otros una papa 
otros incluso un círculo 
y otros nada más 
que polvo 

tenía el dedo gordo del pie todo sucio 
fue a lavarse a la fuente 

miró su rostro en el agua 
también él un círculo
un sol una luna 
la tierra 
o una papa 
o nada más que un poco de agua 
agitada 

- . - . - 

quand il eut dessiné sur le sol
un grand cercle

certains virent un soleil une lune
d'autres la terre
d'autres une pomme de terre
d'autres encore un cercle
et d'autres rien
que la poussière 

il avait le gros oigt du pied droit tout sale 
il alla se laver à la source 

il regarda son visage dans l'eau 
un cercle lui aussi 
un soleil une lune 
la terre 
ou une poemme 
ou rien qu'un peu d'eau 
agitée 

- . - . - 

YVON GIVERT. L'ombre de l'alouette. Editions Dieu-Brichart. Bélgica, 1983. Pág. 20. 

viernes, 23 de septiembre de 2016

Un poema de Pierre Louÿs

Pierre Louÿs

Consejos a un amante 

Si quieres ser amado por una mujer, joven amigo, no importa cuál sea, no le digas que la quieres, pero haz de tal modo que te vea todos los días, luego toma distancia, luego vuelve a dejarte ver. 

Si te dirige la palabra, muéstrate amoroso pero no te apures. Irá por sí misma a ti. Sé sabio entonces en tomarla por la fuerza, el día en que ella misma esté dispuesta a entregarse. 

Cuando la recibas en tu lecho, deja de lado tu propio placer. Las manos de una mujer enamorada se muestran temblorosas y no son de acariciar. Permíteles no ser ardientes. 

En cuanto a ti, no descanses. Prolonga tus besos hasta quedarte sin aliento. No la dejes dormir aunque te lo pida. Besa siempre esa parte de su cuerpo hacia la que dirige sus ojos. 


Conseils à un amant 

Si tu veux être aimé d’une femme, ô jeune ami, quelle qu’elle soit, ne lui dis pas que tu la veux, mais fais qu’elle te voie tous les jours, puis disparais, pour revenir.

Si elle t’adresse la parole, sois amoureux sans empressement. Elle viendra d’elle-même à toi. Sache alors la prendre de force, le jour où elle entend se donner.

Quand tu la recevras dans ton lit, néglige ton propre plaisir. Les mains d’une femme amoureuse sont tremblantes et sans caresses. Dispense-les d’être zélées.

Mais toi, ne prends pas de repos. Prolonge les baisers à perte d’haleine. Ne la laisse pas dormir, même si elle t’en prie. Baise toujours la partie de son corps vers laquelle elle tourne les yeux. 

- . - . - 

PIERRE LOUŸS. Les chansons de Bilitis / traduites du Grec. Ilustrations de Raul Soldi. Editorial Poseidon. Buenos Aires, 1945. 
 

martes, 13 de septiembre de 2016

Un poema de Pierre Louÿs


A UN MARIDO FELIZ 

Te envidio, Agorakrites, por tener una mujer tan esforzada. Es ella quien cuida el establo y, por las mañanas, en lugar de hacer el amor da de beber a las bestias. 

Eso te regocija. Que otros, dices, persigan los bajos placeres, permanezcan despiertos por las noches, duerman durante el día e incluso le pidan a la adúltera una saciedad criminal. 

Sí; tu mujer trabaja en el establo. Hay quienes dicen que prodiga mil caricias al más joven de tus asnos. ¡Ah! ¡Ja! ¡Es un animal muy bonito! Tiene un mechón negro sobre los ojos. 

Dicen que juega entre sus patas, bajo su vientre dulce y gris... Pero aquellos que tal cosa afirman son unos murmuradores. Si tu asno le gusta, Agorakrites, seguramente es que su mirada le recuerda la tuya. 



À UN MARI HEUREUX 

Je t’envie, Agorakritès, d’avoir une femme aussi zélée. C’est elle-même qui soigne l’étable, et le matin, au lieu de faire l’amour elle donne à boire aux bestiaux.
 
Tu t’en réjouis. Que d’autres, dis-tu, ne songent qu’aux voluptés basses, veillent la nuit, dorment le jour et demandent encore à l’adultère une satiété criminelle.
 
Oui ; ta femme travaille à l’étable. On dit même qu’elle a mille tendresses pour le plus jeune de tes ânes. Ah ! Ha ! c’est un bel animal ! Il a une touffe noire sur les yeux.
 
On dit qu’elle joue entre ses pattes, sous son ventre gris et doux... Mais ceux qui disent cela sont des médisants. Si ton âne lui plaît, Agorakritès, c’est que son regard sans doute lui rappelle le tien. 

- . - . - 

PIERRE LOUŸS. Les Chansons de Bilitis - Traduites du grec. Ilustrations Raul Soldi. Editorial Poesidon. Buenos Aires, 1945. 

Un poema de Pierre Louÿs





EL SILENCIO DE MNASIDIKA


Se había estado riendo todo el día, y hasta se había burlado un poco de mí. Se había negado a obedecerme delante de varias desconocidas. 

Cuando volvimos, simulé no querer hablarle y, como se arrojara a mi cuello, diciéndome: "¿Estás enojada?", le dije: 

"¡Ah!, ya no sos la de otras veces, ya no sos la del primer día. Ya no te reconozco Mnasidika". Nada me respondió; 

Pero se puso todos los adornos que hacía tanto no usaba, y el mismo vestido amarillo, bordado de azul, de nuestro primer encuentro. 



LE SILENCE DE MNASIDIKA

Elle avait ri toute la journee, et meme elle s'etait un peu moquee de moi. Elle avait refuse de m'obeir, devant plusieurs femmes etrangeres.

Quand nous sommes rentrees, j'ai affecte de ne pas lui parler, et comme elle se jetait a mon cou, en disant: "Tu es fachee?" je lui ai dit:

"Ah! tu n'es plus comme autrefois, tu n'es plus comme le premier jour. Je ne te reconnais plus, Mnasidika." Elle ne m'a rien repondu;

Mais elle a mis tous ses bijoux qu'elle ne portait plus depuis longtemps, et la meme robe jaune brodee de bleu que le jour de notre rencontre. 

- . - . -

PIERRE LOUŸS. Les Chansons de Bilitis - traduites du grec. Ilustrations de Raul Soldi. Editorial Poseidon. Buenos Aires (Argentina), 1945. 

martes, 28 de abril de 2015

Un poema de William Cliff

William Cliff


A NUESTRO ASTRO 



Vení sol vení a calentarnos a acunarnos 
y ustedes nubes negras aléjense 
porque sufrimos un largo invierno 
y nuestros cerebros están tan enfermos 
y el tiempo que nos espera parece tan pesado 

vení sol hermoso vení a bañar nuestros órganos 
con el bálsamo adormecedor de tu luz 
y que contemplando tu marcha real 
aprendamos a vivir el día a día 
y a relajarnos cuando haga falta 
para conquistar la posibilidad de resurgir 
siempre más claros de los infiernos sin luz 

gracias gracias ¡ah! que no podemos 
permanecer aquí toda la vida 
el cuerpo extendido desnudo en el calor 
el rostro ladeado los ojos cerrados 
hacia tu faz enceguecedora y disfrutar e- 
ternamente sintiendo cómo nos colman 
tus rayos con un delicioso fulgor 
monstruo hermoso de besos que se baña 
en el baño resplandeciente de vastos mares 



sol flaco sol astro improbable 
no nos faltes incluso al saberte 
vos mismo obligado a morir 
contra lo que dicen los poetas 
que creían que renacías inmu- 
tablemente jovial de la tinta de la noche 

¡ah sí! vos también tendrás que apagarte 
pero para ese entonces habremos emprendido 
nuestro viaje hacia esferas más lejanas 

- . - . - 

À NOTRE ASTRE 

1.

viens soleil viens nous chauffer nous bercer
et vous nuages noirs écartez-vous
car nous avons subi un long hiver
et nos cerveaux son tellement malades
et le temps qui attend paraît si lourd

ciens beau soleil viens baigner nos organes
du beaume engourdissant de la lumière
et qu'en contemplant tan marche royale
nous apprenions à vivre au jour le jour
et è nous reposer autant qu'il faut
pour conquérir de pouvoir ressurgir
toujours plus clairs des enfers sans lumière

merci merci ah! que ne pouvons-nous
démeurer ici toute notre vie
le corps étendu nu dans ta chaleur
et le visage tourné yeux fermés
vers ta face aveuglante et jouir é-
ternellement en sentan tes rayons
nous combler de délicieuse effulgence
beau monstre de baisers lavé
dans le bain scintillant des vastes mers


2.

soleil maigre soleil astro improbable
ne nous fais pas défaut même si tu
te sais toi-même sujet à mourir
contrairement aux dires des poètes
qui croyaient que tu ressortais immu-
ablement frais de l'encre de la nuit

eh oui! toi aussi tu devras t'éteindre
mais d'ici là nous aurons déjà pris
notre envol vers des sphères plus lointains

- . - . - 

Tomado de Poésie 1, nº 135. Julio-agosto-setiembre 1987. París. 

Un poema de Albert Ayguesparse

Albert Ayguesparse


LAS CRECIENTES DE LA DUDA

En lo más profundo de ti vela el fuego de la desgracia. Nacida de la espuma, la violencia se estremece en tus puños desnudos. ¿Quién te librará  de la cizaña de los días malos? Sin cesar, los restos de los años te acompañan en el silencio de los dédalos mudos. En medio de las últimas emboscadas de la noche helada de los insomnios interrogas al sueño. Frente a los fantasmas de las tinieblas inventas recursos contra el olvido. A la hora que todo lo blanquea llega el momento de los presagios obnubilantes. La queja de los perros delata algo desconocido en el camino. Mientras la ciudad decanta sus nubes matinales juegas a eludir las crecientes de la duda.

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LES CRUES DU DOUTE 

Au plus profond de toi veille le feu de la disgrâce. Née de l'écume, la violence tressaille dans tes poings nus. Qui te délivrera de l'ivraie des mauvais jours? Sans répit, les épaves des années t'accompagnent dans le silence des dédales muets. Au milieu des derniers pièges de la nuit glacée d'insomnies, tu questionnes le sommeil. Face aux fantasmes des ténèbres, tu inventes des recours à l'oubli. Avec l'heure blanchissante, vient le temps des présages entêtants. La plainte des chiens dénonce l'inconnu sur la route. Pendant que la ville décante ses nués matinales, tu joues à éluder les crues du doute. 

(Lectures des abîmes, Bruxelles, éditions Le Cormier, 1987)

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Tomado de Poésie 1, Nº 135, Juillet-août-septembre 1987. Paris.